Le concept de la journée entière et intensive

Quel est l'intérêt de concentrer ainsi la session de médiation ?

| Le concept de la journée entière et intensive

Disons-le tout de suite, le concept d’une journée entière et intensive ne s’applique pas à toutes les médiations et certains litiges nécessiteront des réunions multiples. Mais le principe reste bien là : une journée entière de pleine négociation va être pour beaucoup de cas un accélérateur de solution.

Les éléments qui militent pour le concept de la journée entière :

  • En prévision de cette journée, les parties se sont plus volontiers libérées en conséquence en bloquant pour la journée entière leurs agendas respectifs ; elles se sont abstenues de prendre tout autre engagement qui pourrait les amener à quitter prématurément la table de négociation.
  • Elles seront aussi moins facilement interrompues ou distraites par des sollicitations venant de l’extérieur. Compte-tenu de la durée limitée de la session, le médiateur a toute légitimité à proposer aux parties, dès la réunion d’ouverture, que tous les téléphones ou autres outils de communication restent éteints tant que durent les réunions.
  • Dès le début de la journée, les parties se sont concentrées sur la négociation et ses enjeux, elles ont d’elles-mêmes écarté l’idée que cette réunion serait une réunion d’évaluation, sorte de « tour de piste » permettant de sonder les intentions de la ou les parties adverses. Contrairement à ce qui peut se passer dans une négociation à étapes successives, elles n’ont pas eu d’autre choix que de préparer à fond avec leurs conseils cette réunion – normalement la seule. L’éventualité de se quitter en fin de journée sur un non-accord, et donc un échec, est aussi présent dans tous les esprits. Tout ceci fait qu’elles n’ont pas remis à des lendemains les décisions essentielles qu’elles se devaient de prendre et qu’elles se sont obligées à définir de suite une stratégie où à tout le moins une limite de négociation qu’elles seraient prêtes à accepter.
  • La répétition de réunions distinctes implique de relancer la dynamique en début de chaque nouvelle réunion. Tel n’est pas le cas si la session de médiation se déroule sur une journée entière.
  • Enfin, une éventuelle instrumentalisation de la médiation comme un outil parmi d’autres d’une stratégie dilatoire résistera plus difficilement à l’épreuve de la journée unique. Le modèle de la journée unique, avec son rythme et sa dynamique qui lui sont propres, fera qu’une telle stratégie – qui est contraire au principe de la participation de bonne foi à une session de médiation, serait très vite lisible, et que dès lors le médiateur ou une autre partie pourrait en tirer les conséquences qui s’imposent. La journée unique est de ce point de vue un révélateur à effet rapide.

L’idée essentielle derrière tout cela reste qu’une médiation ne doit pas s’éterniser. Plus une médiation dure alors que ce n’est pas réellement nécessaire, plus le risque d’enlisement devient réel. Le temps qui s’écoule peut donc devenir contre-productif. Et l’autre idée, tout aussi importante, est qu’il n’est pas de bonne médiation sans qu’un dynamique ne s’installe et perdure pendant toute la session de médiation.

Restent les cas complexes qui ne sont pas adaptés à la journée unique et intensive car ils nécessitent à l’évidence des réunions préalables, qui sont souvent exploratoires : il s’agit très souvent de concentrer progressivement les discussions sur les points essentiels de la dispute et d’amener progressivement les parties à s’entendre sur la définition de ces points essentiels, lesquels vont alors constituer une feuille de route sur laquelle le médiateur, avec l’assentiment des parties, va pouvoir concentrer la médiation sur cette phase de pure négociation. Dans cette dernière phase, on finit généralement par se rapprocher du modèle de la journée unique.

Dans tous les cas, on en revient bien in fine à cette notion de temps resserré et de négociation intensive à laquelle nous sommes particulièrement attachés chez EQUi-T.

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